Si grande. Si infinie. La mer effraie. Elle rassure. Et peut-être sa beauté n’est-elle pas ailleurs, que dans cette harmonie curieuse entre la crainte et l’assurance.

Elle rassure parce qu’elle semble immuable et nous fait la promesse tranquille d’être toujours celle que nous avons quittée. Elle effraie parce qu’elle nous dépasse en grandeur et qu’elle incarne une perfection pure et naturelle. Elle est changeante, se laissant, douce et docile par temps calme, caresser par nos nages et nos voiles ; se révélant, sombre et fracassante par tempête, fouettant avidement les coques et les phares, seules lumières parmi ces flots déchirés.

Si grande. Si infinie. Et pourtant si fragile. Comme tout ce qui vit. Pouvons-nous oublier que la mer appartient à des espèces marines qui n’ont pas d’autre lieu de vie ? Oiseaux rieurs ou indiscrets, grands cétacés lents et majestueux, poissons d’argent et de lumière filant entre les vagues, végétaux et coraux dansant au gré des courants, mammifères joueurs se dorant au soleil…

L’Homme est une petite fourmi au milieu de la mer. Et encore moins que cela. La mer nous fera toujours cette promesse.

Au fil des marées, la mer avance puis recule dans une timidité secrète et mystérieuse. Elle laisse, entre les rochers de granit, une trace de son passage : de petits lacs salés hébergeant un microcosme de vie. La danse lente des vagues vient caresser la grève, lécher le sable et rendre doux ses galets.

Cette danse sensuelle de la mer vient façonner perpétuellement son rivage. Elle dessine des sillons dans un sable tantôt gris, tantôt rose ou poudré. La mer est créatrice, compositrice, artiste, intemporelle et immortelle. La mer n’a pas d’âge ou bien peut-être renferme-t-elle tous les âges du monde. Elle est l’infinité, l’artiste éternelle de la nature.

La mer est une merveille. La mer est une mère dont le seul dessein est d’émerveiller. C’est ainsi en s’en émerveillant, en la protégeant, que nous pouvons l’honorer et lui faire don de notre amour et de notre beauté.

Comme toute œuvre de la nature, la mer invite au respect. Elle est œuvre à contempler, à ne pas déposséder. La mer nous offre ses trésors, à nous de les accueillir avec gratitude.

R.A