Rosa Amarre est un pseudonyme, celui que je me suis choisi pour faire foisonner et vivre mon identité d’autrice. Mais d’où vient-il ?

Le prénom Rosa, c’est tout d’abord, pour moi, honorer de grandes dames qui ont œuvré toute leur vie pour le bien, l’avancée des droits des femmes et des êtres vivants. Des femmes libres et fières, qui ont eu le courage de se battre pour leurs convictions, parfois au prix de leur vie. Humblement, je rend donc hommage à travers ce prénom à toutes les Rosa influentes que je ne connais pas et plus particulièrement à Rosa Parks, Rosa Luxemburg et Rosa Bonheur, pour leurs combats.

Rosa Parks, figure clef de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, militante engagée politiquement pour le respect des droits humains, est célèbre, notamment, car elle est une des premières femmes afro-américaines – avec avant elle, Claudette Colvin, Aurelia Browder, Mary Louise Smith – à avoir refusé de céder sa place à un usager blanc à bord d’un autobus. Son action, soutenue par Martin Luther King, a abouti à l’abolition des lois ségrégationnistes dans les bus en 1956.

Rosa Luxemburg, militante socialiste et communiste, très engagée politiquement, a œuvré toute sa vie pour véhiculer ses valeurs humaines, démocratiques et philosophiques, en proposant une alternative au capitalisme de son époque, au début du XXème siècle. Pour elle, la démocratie n’a de sens profond que celui de défendre coûte que coûte le socialisme, concept qui, selon elle, peut mettre fin aux inégalités entre les Hommes, libérer les femmes de la domination masculine et donner à chacun la liberté de penser différemment de l’ordre établi. Elle est assassinée le 15 janvier 1919 à Berlin, sous prétexte de l’agitation, du dérangement, qu’elle génère.

Rosa Bonheur, artiste-peintre du XIX ème siècle, a fait de sa spécialité la représentation figurative des animaux. Femme libre et autonome, dès l’âge de 14 ans elle fait ses premiers débuts dans la peinture et parviendra à prendre sa place. Soutenue par l’impératrice Eugénie, elle œuvre sa vie durant pour l’accès à l’éducation des femmes, créant chez elle une école pour filles, et pour la reconnaissance des artistes femmes de son temps.

J’ai choisi Rosa aussi pour son étymologie latine : Rosa, ae, f : rose [fleur]. Une manière d’honorer la nature, sa beauté et son caractère précieux. Mon cœur se tendra toujours vers les roses anglaises parfumées, couleur pastel, des jardins ou celles des buissons sauvages odorants, aubépinier et églantier.

Le nom Amarre, à présent. Il fait référence au nom féminin que l’on connaît. L’amarre attache, détache, rattache. Je trouve que c’est une très belle métaphore de la vie, des liens, des relations. Elle fait lien entre un navire et le quai, par extension, entre la mer et la terre : la mer, le détachement, la liberté, l’inconnu ; la terre, le port, l’attache, le connu. L’amarre relie deux univers et en cela, c’est également une très belle métaphore des livres.

Avec ses correspondances phonétiques, j’aime le nom Amarre aussi pour les étymologies latine et arabe. Amar signifie « aimer » en latin. Amar se traduit par « celui qui construit, le bâtisseur » en arabe. L’amour est pour moi tout ce qu’il reste quand il n’y a plus rien. (Se) construire, (se) bâtir, (s’)échafauder, tout au long de sa vie, c’est un mantra, une raison d’être.

R.A