Regard sur l’existence : Retenir l’essentiel

Il existe des refuges en ce monde dans lequel il m’est si rude de vivre parfois. Qu’ils soient jardins de paix comme extension spirituelle d’humains ou grands espaces naturels façonnés par le temps, je ne me sens pleinement moi-même qu’en ces lieux de repos et de sérénité. Que serais-je sans toi, Nature ? Mère des richesses et des magnifiques. Mère de tous les enseignements. Métaphore de la vie, partout, la nature ouvre ses bras.

Plus les années passent, plus je me déleste du superflu. Plus je ressens le manque et la tristesse, mais plus vives aussi sont les joies et les ivresses. Plus intensément, je m’arrête et contemple, je me détache et garde l’essentiel.

L’essentiel, c’est la poésie des roses au jardin qui grimpent sur les portiques.

L’essentiel, ce sont les parfums dans le soir. Des fleurs de citronniers, d’orangers et de jasmin. A Sienne et San Gimignano, au couchant du soleil chaud.

L’essentiel, c’est la respiration fluide de la mer, la nuit. Sur une plage au sable frais, désertée et silencieuse.

L’essentiel, ce sont les parades secrètes des cyprès qui se balancent et dansent avec le vent, menhirs végétaux tendus vers le ciel net et bleu mais moins impassibles.

L’essentiel, ici, en Toscane, ce sont ses yeux qui se baladent autant que ses jambes dans les rues médiévales qui servent de couloirs au vent.

L’essentiel, ce sont ces bancs, témoins des baisers et des rires, des crèmes glacées meilleures ici qu’ailleurs. La magie de l’amour ou du voyage… Les deux, sans doute.

L’essentiel, c’est rêver ensemble et se projeter loin, dans des endroits où l’on ira jamais. Et s’imaginer dans des vies que l’on ne vivra jamais.

L’essentiel, c’est d’écrire l’essentiel. De conserver les souvenirs d’une manière ou d’une autre. Pour croire que nos vies existeront encore après nos vies. Ecrire l’essentiel pour préparer l’absence. La sienne ou la mienne.

R.A

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