Marcher avec la pluie. Accueillir l’automne, son passage dans les arbres et ce qu’il laisse mourir. La nature, peu à peu, se dévêtit. Nous nous habillons pour ne pas faner, comme les feuilles pourtant si belles. La vieillesse se pare d’or et brille sous la pluie. Dans toute sa beauté. Avant de se détacher et partir avec le vent.

Marcher avec la pluie. Accueillir la vie et se départir de ce qui n’est plus. Être inondé par les gouttes mais marcher, toujours. Côtoyer le feu dans l’eau, le gris dans une forêt jaune. Regarder les conifères continuer de porter leurs aiguilles.

Marcher avec la pluie. Se souvenir que l’on n’est rien à l’échelle d’un arbre. Reconnaître avec humilité, sa force. Respecter sa mémoire, sa grandeur. Remercier la solidité qu’il partage, sans rien attendre.

Marcher avec la pluie. Accueillir toutes les rivières. Les laisser emmener avec elles, dans leur courant, toutes les pages tombées, arrachées, déposées, tournées. Regarder les peines se parer de couleurs. Retrouver l’arbre de vie qui ne cesse de grandir à l’intérieur de nous, qui nous accompagne pour poursuivre de nous embellir.

Marcher avec la pluie. Glaner sur le chemin les trésors de l’automne. Châtaignes, bouquet de feuilles rousses, poires et pommes fraichement tombées dans l’herbe mouillée. Tout est orange, jaune et rouge. La nature, diluée derrière les gouttes, flamboie comme un soleil. Comme un foyer puissant de couleurs chaudes qui nous invite à s’arrêter auprès de lui et venir se réchauffer le corps et l’âme.

R.A